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CHAPITRE 3 - CONSERVATION PAR SECHAGE
VIEW THE DOCUMENT3.1 Procédé général et échelles de production
VIEW THE DOCUMENT3.2 Prétraitements
3.3 Séchage
VIEW THE DOCUMENT3.3.1 Principe et description
VIEW THE DOCUMENT3.3.2 Matériel
VIEW THE DOCUMENT3.3.3 Cas particuliers
3.4 Post-traitements
VIEW THE DOCUMENT(introduction...)
VIEW THE DOCUMENT3.4.1 Triage
VIEW THE DOCUMENT3.4.2 Broyage
VIEW THE DOCUMENT3.4.3 Tamisage
VIEW THE DOCUMENT3.4.4 Emballage - conditionnement - stockage

Conservation des Légumes à Petite Échelle (CTA - ILO - WEP, 1990, 186 p.)

CHAPITRE 3 - CONSERVATION PAR SECHAGE

3.1 Procédé général et échelles de production

Le séchage, ou déshydratation, consiste à éliminer l'eau contenue dans les légumes jusqu'à obtention d'une teneur en eau compatible avec une conservation à long terme. Cette teneur résiduelle doit être généralement comprise entre 5 et 15 pour cent d'eau.

L'opération de séchage doit être précédée et suivie de toute une série de traitements appliqués dans le but de faciliter le séchage et d'obtenir une bonne qualité hygiénique et organoleptique des légumes séchés. Le tableau 11 précise les diverses étapes des processus de transformation par séchage appliqués à différents légumes.

A l'intérieur de cette ligne de fabrication générale, chaque étape doit être compatible, en termes de quantité de légumes traités par heure, avec celle qui la précède ou la suit, de façon à éviter que des postes ne soient surchargés ou fonctionnent à vide.

Les séchoirs proposés peuvent traiter, en 24 heures, des quantités allant de 50 kg à plusieurs tonnes, les plus fortes capacités étant obtenues grâce à des séchoirs chauffés au combustible.

On peut résumer ces opérations successives par le schéma de la figure 24.

Figure 24. Schéma général de conservation par séchage

Lavage
¯
Pesage
¯
Epluchage
Triage
Lavage
¯
Découpage ou râpage
ou broyage
¯
Blanchiment ou précuisson
Refroidissement
¯
Trempage dans un bain de conservation
Egouttage
¯

Séchage

¯
Triage
¯
Broyage
¯
Tamisage
¯
Conditionnement

Tableau 11. Etapes dans la préparation de divers légumes séchés

Légumes

Préparation

Blanchiment
Refroidissement

Trempage dans conservateur
Egouttage

Séchage

Triage

Broyage

Tamisage

Emballage

Patates douces

1. Laver
2. Eplucher et laver
3. Découper

X

X

X

X

(X)

(X)

X

Ignames

- id. -

X

X

X

X

(X)

(X)

X

Manioc

1. Laver
(2. Rouir)
3. Ecorcer
4. Découper ou râper
5. Presser



X

X

(X)

(X)

X

Pois Haricots

1. Laver
2. Ecosser
3. Laver

X


X

X

(X)

(X)

X

Choux

1. Parer
2. Découper
3. Laver

X

X

X

X



X

Poireaux

1. Parer
2. Laver
3. Découper



X

X

(X)

(X)

X

Epinards et autres feuilles

1. Laver
2. Couper

X


X

X



X

Tomates

1. Laver
2. Etrognonner
3. Découper


X

X

X

(X)

(X)

X

Gombos

1. Laver
2. Parer
3. Couper

Laver soigneusement
X

X

X

X

(X)

(X)

X

Poivrons

1. Laver
2. Parer
3. Découper


X

X

X



X

Piments

1. Laver
2. Parer



X

X

(X)

(X)

X

Haricots verts

1. Laver
2. Parer
3. Couper

X

X

X

X



X

Carottes

1. Parer
2. Laver
3. Eplucher et laver
4. Découper

X

X

X

X



X

Oignons

1. Parer
2. Eplucher
3. Laver
4. Découper


X

X

X

(X)

(X)

X

Navets

1. Parer
2. Laver
3. Eplucher et laver
4. Découper

X

X

X

X



X

Betteraves rouges

1. Laver
2. Parer
3. Cuire
4. Refroidir
5. Parer
6. Découper

X
Avant parage et découpage


X

X



X

3.2 Prétraitements

Les prétraitements énumérés dans le tableau 11 pour chaque légume ont été étudiés au chapitre 2. Il convient cependant de préciser trois points:

a) les variétés amères de manioc contiennent une substance toxique, l'acide cyanhydrique, qu'il convient d'éliminer par rouissage: on immerge, à cet effet, les racines dans de l'eau stagnante ou courante pendant deux à trois jours;

b) en ce qui concerne le blanchiment des légumes avant séchage, le tableau 12 indique les procédés de blanchiment à l'eau bouillante ou à la vapeur, les additifs éventuellement utilisés ainsi que les temps de traitement nécessaires;

c) dans le cas du gombo, il est nécessaire, au cours du refroidissement dans un bain, de bien éliminer les mucosités au cours du blanchiment.

Tableau 12. Blanchiment des légumes avant séchage

Légumes

Blanchiment à l'eau bouillante

Blanchiment ou cuisson à la vapeur


Temps (mn)

Concentration en bicarbonate de sodium (g/l)

Concentration en sel (g/l)

Temps (mn)

Patates douces

5



8

Ignames

6 à 8 (à 60°C)




Pois et haricots




10

Choux

3

10


5

Epinards et autres feuilles

3


30


Gombos

6

10



Haricots verts

4 à 6

10



Carottes

4 à 6




Navets

4 à 6




Betteraves rouges




30 à 45

3.3 Séchage

3.3.1 Principe et description

Du fait de la diminution de la teneur en eau dans les tissus cellulaires des végétaux, les réactions de dégradations biochimiques et microbiennes sont inhibées car elles ne peuvent avoir lieu qu'à partir d'un certain seuil d'activité de l'eau. Pour que cette inhibition soit durable et totale, le séchage devra être suffisamment poussé tandis que le stockage devra empêcher toute réhumidification du produit.

Méthodes de séchage

L'une des façons de procéder à l'élimination de l'eau du produit consiste à provoquer son évaporation grâce à un apport de chaleur qui peut être réalisé:

- par rayonnement: les rayons, solaires dans le cas qui nous préoccupe, provoquent un réchauffement direct du produit;

- par convection: de l'air entourant le produit se trouve à une température plus élevée que le produit;

- par conduction: le produit est réchauffé par un contact direct avec une surface chaude.

Types de séchoirs

Traditionnellement, dans les pays chauds, le séchage est réalisé par exposition directe au soleil des produits étalés sur le sol; il s'agit d'un séchage par rayonnement et convection, très économique, mais présentant cependant des inconvénients considérables quant à la qualité nutritionnelle et hygiénique des produits séchés:

- dégradation des vitamines;
- dépigmentation des légumes;
- brunissement;
- contamination par la poussière ambiante;
- contamination due aux insectes, aux rongeurs, etc.

Il convient donc de préférer, autant que possible, d'autres méthodes améliorées permettant d'éviter au moins certains de ces aspects négatifs.

Différents types de séchoirs améliorés existent, qui peuvent être répartis en trois catégories:

a) Séchoirs naturels améliorés. L'énergie solaire est directement utilisée pour chauffer l'air ambiant, sans qu'il existe de système de captage et de concentration de cette énergie. Les produits sont placés soit au soleil (séchage par convection et rayonnement), soit à l'ombre (séchage par convection uniquement), mais dans tous les cas ils sont surélevés par rapport au sol de façon à faciliter la ventilation naturelle.

b) Séchoirs solaires. L'énergie solaire est captée à l'aide de dispositifs particuliers, appelés capteurs, qui permettent d'obtenir de l'air plus chaud que dans le cas précédent. Les produits sont placés dans une chambre de séchage alimentée par cet air chauffé, et peuvent être soit exposés eux-mêmes au soleil (séchage par convection et rayonnement), soit disposés à l'ombre (séchage par convection).

c) Séchoirs à combustion. L'énergie produite par la combustion du bois, de déchets organiques, de gaz, fuel, etc. est utilisée pour provoquer soit un réchauffement de l'air qui entre en contact avec le produit, soit une élévation de température du produit disposé sur une surface chaude (séchage par conduction).

Comparaison des trois types de séchoir

Chacun de ces types présente des avantages et des inconvénients, répertoriés au tableau 13, qu'il convient de connaître. Cependant, le choix d'un type de séchoir doit nécessairement s'accompagner d'une maîtrise réelle de la technique pour obtenir une bonne qualité du produit séché: séchage uniforme, séchage jusqu'à une teneur en eau suffisamment faible, séchage réalisé de façon à respecter les contraintes biologiques et biochimiques des produits.

Tableau 13. Comparaison des trois types de séchoir


Avantages

Inconvénients

Séchoirs naturels améliorés

Grande capacité de séchage si beaucoup de surface disponible

Coût de construction très faible

Coût de fonctionnement nul (main-d'oeuvre exceptée)

Contamination par la poussière, les insectes, etc.

Exigences climatiques (climat chaud et région ventée)

Produit placé à l'ombre

Qualité nutritionnelle du produit conservée

Nécessite une bonne ventilation naturelle pour éviter des temps de séchage trop longs et les dégradations qui en découleraient

Produit exposé au soleil

Séchage rapide si bonne ventilation naturelle associée

Polyvalence

Pertes nutritionnelles (dégradation vitaminique et pigmentaire, brunissement)

Séchoirs solaires

Aucune contamination (poussières, insectes, rongeurs)

Protection en cas de pluie subite

Effet de serre des capteurs, qui augmentent la température de l'air

Coût de fonctionnement nul (main-d'oeuvre exceptée)

Nécessite un système de ventilation ou de circulation d'air efficace

Capacité souvent faible

Dépendance climatique (moindre, cependant, que dans le cas des séchoirs naturels)

Système direct

Séchage rapide

Risque de températures trop élevées si mauvaise surveillance, d'où un produit brûlé

Pertes nutritionnelles

Système indirect

Aucune perte nutritionnelle

Polyvalence

Plus lent que le système direct

Nécessité d'effectuer une rotation des plateaux pour assurer l'homogénéité du séchage

Séchoirs à combustible

Aucune contamination (poussière, insectes, rongeurs)

Pas d'exigences climatiques

Possibilité de capacité très variable et adaptable

Nécessité d'approvisionnement en combustible, d'où un coût de fonctionnement qui peut être élevé

Convection

Polyvalence

Bon respect des qualités nutritionnelles

Système de ventilation obligatoire

Conduction

Très rapide

Modifie considérablement le produit (grillage, cuisson)

Néfaste pour les qualités nutritionnelles

Utilisable seulement pour les produits peu fragiles

Agitation obligatoire

3.3.2 Matériel

Différents séchoirs sont décrits dans les paragraphes suivants, tandis que leurs caractéristiques sont indiquées aux tableaux 14 (séchoirs naturels améliorés et séchoirs solaires) et 16 (séchoirs à combustible).

Séchoirs naturels améliorés

a) Séchoir à crib abrité (figure 25)

Un cadre de bois, portant un double treillis métallique ou un filet, est disposé perpendiculairement à la direction des vents dominants et abrité des intempéries par un toit. Le produit est placé entre les deux treillis et forme une couche d'une épaisseur d'environ 15 cm.

Le chargement d'un tel séchoir est malaisé; par contre, un système peut être mis au point pour faciliter le déchargement (voir la figure 26).

Un volet métallique ou en bois, horizontal, retient le produit à la base du séchoir pendant le séchage et coulisse par l'intermédiaire d'un rail pour libérer le produit sec qui s'écoule sur un plan incliné lors du déchargement.

b) Séchoir à claies sur rails (figure 27)

Les produits sont étalés sur des plateaux superposés, dont le fond est constitué d'un treillis métallique ou d'un filet; ces plateaux peuvent coulisser sur des rails de façon à pouvoir être mis sous abri en cas de pluie. La surélévation des plateaux par rapport au sol facilite les manutentions et assure une bonne circulation de l'air.

Séchoirs solaires

a) Séchoir case: système direct (figure 28)

Le produit, disposé sur une épaisseur maximale de 10 cm, est étalé sur un treillis métallique ou un filet situé à l'intérieur d'une cage de bois ouverte aux deux extrémités pour laisser passer l'air et recouverte d'un matériau transparent (verre, acétate de cellulose) permettant le passage du rayonnement solaire.

L'inclinaison du séchoir permet une meilleure orientation par rapport au soleil et augmente l'efficacité de l'appareil; elle ne doit cependant pas dépasser 30° pour éviter que le produit s'accumule dans la partie basse malgré la présence de plots de retenue.

b) Séchoir armoire: système indirect (figure 29)

L'air ambiant circule dans un capteur solaire plan où il est réchauffé avant de pénétrer dans une enceinte isolée thermiquement où les produits à sécher, disposés sur des claies superposées, sont progressivement séchés par l'air chaud qui les traverse.

Le capteur plan (figure 30) est constitué de plusieurs travées formées d'un vitrage, d'un absorbeur (tôle métallique plissée), d'une couche de béton et d'un remblai de sable sec servant d'isolant.


Figure 25. Séchoir à crib abrité


Figure 26. Système de déchargement du crib


Figure 27. Séchoirs à claies superposées coulissant sur rails


Figure 28. Séchoir case


Figure 29. Séchoir indirect: armoire à capteur plan (coupe longitudinale)


Figure 30. Séchoir indirect: coupe transversale d'une travée de capteur

(Source: Aveert, C., 1981)

Tableau 14. Caractéristiques des séchoirs naturels améliorés et solaires

Séchoir

Types de produits pouvant être séchés

Exigences de climat et de localisation

Matériaux de construction

Dimensions

Capacité de remplissage

Exemple de temps de séchage pour un produit

Capacité globale (séchage en 24h)

Remarques

Séchoir à crib (figures 25 et 26)

Produits peu sensibles à l'écrasement:

- tubercules
- racines tubéreuses

- racines

Humidité relative inférieure à 60%; vitesse du vent supérieure à 4 m/s

Bois
Treillis métallique ou filet
Profilés métalliques

Haut. 2,0 m
Larg. 1,5 m
Larg. des poteaux: 2,6 m

600 kg/m3, soit 300 kg environ (épaisseur 15 cm)

Manioc: 3 jours, si:

températ. = 30°C
humidité = 60%
vitesse du vent = 4 m/s

Manioc: 3 jours

Le fond risque de sécher plus lentement. Il doit être placé à 0,5 m au moins du sol

Séchoir à claies sur rails (figure 27)

Tous produits en épaisseur variable

Saison sèche correspondant aux périodes de récolte
Régions équatoriales de préférence

Tôle ondulée pour le toit
Bois
Treillis ou filet

Claies de 2 m2 environ (5 claies par module)

20 à 50 kg/m2 (graines sur couche de 30 cm), soit 200 à 300 kg ou moins de 6 kg/m (légumes), soit 60 kg

Légumes: 1 à 3 jours 2

Graines: 20 à 40 kg

Possibilité d'utilisation pour des produits plus fragiles, en chargeant moins les claies (moindre épaisseur). Si étalement sur de grandes épaisseurs, nécessité d'agitation régulière des légumes

Séchoir case, système direct (figure 28)

Graines

Préférence aux climats ensoleillés légèrement ventés

Acétate de cellulose
Bois
Treillis ou filet ou plaque perforée peinte en noir
Ventilateur (0,25 m3/mn)

0,61 × 1,22 m

13 à 30 kg/m2 (couche de 2,5-5 cm d'épaisseur), soit 9-20 kg

Graines: 23 kg en neuf heures

30 à 50 kg

Inclinaison: 10° dans les régions équatoriales, 30° au maximum quand on s'écarte de l'équateur

Séchoir armoire, système indirect (figures 29 et 30)

Tous produits


Tôle aluminium plissée
Vitrage
Béton
Bois et treillis pour claie


250 kg en deux jours

125 kg

Possibilité d'utiliser un ventilateur. Nécessité d'effectuer une rotation des claies pour assurer un séchage total des claies supérieures

Séchoir armoire à ventilation éolienne (figure 31)

Tous produits


Film plastique transparent
Planche ou plaque peinte en noir
Bois et treillis pour claie
Autogire

1,22 × 0,83 × 3,25 m
Plateaux de 0,5 × 1 m

10 plateaux sur 5 étages: 5-15 kg/m2

Quelques heures

100 à 200 kg

Ajustement possible de la température en diminuant ou augmentant l'aération

c) Séchoir armoire à ventilation éolienne (figure 31)

Dans ce système mixte, l'air est chauffé par des capteurs plans extérieurs tels que décrits précédemment, par passage dans une enceinte de séchage solaire comportant des parois vitrées sur trois de ses côtés, la paroi exposée au nord, faite de matériau isolant, étant peinte en noir.

La ventilation est assurée par un ventilateur autogire placé à l'extrémité d'une cheminée et fonctionnant sous l'action ascendante de l'air.

Ce système permet un séchage plus rapide mais présente les inconvénients du séchage direct (voir le tableau 13).

Séchoirs à combustible

1. Séchoirs à convection

Ces séchoirs peuvent être classés de la façon suivante en fonction du type de disposition du produit et du mode d'agitation (tableau 15).

Tableau 15. Classification des séchoirs à convection fonctionnant avec des combustibles

Produit immobile

Grande épaisseur de produit (une seule couche) 10-30 cm

Faible épaisseur (plusieurs couches)

Ventilation de haut en bas

Touraille


1-5 cm

Ventilation tangentielle

Armoire


5-10 cm

Ventilation transversale

Armoire

Produit mobile


Ventilation horizontale à contre-courant

Tambour

a) Touraille

Ce système, très simple, consiste à insuffler de l'air chaud à travers une masse de produit disposée sur une grande épaisseur (figure 32).

L'importance de la couche nécessite un système de ventilation puissant; un dispositif de recyclage peut être mis en place pour éviter des pertes de chaleur exagérées. Une agitation périodique des produits est également nécessaire pour assurer l'homogénéité du séchage.

L'avantage de ce système réside dans le fait qu'il peut s'adapter à des capacités très variables (figure 33), qu'il peut être construit de façon artisanale avec des matériaux locaux et qu'il peut utiliser des combustibles locaux (figures 34 et 35).


Figure 31. Séchoir mixte à ventilation éolienne - a) Vue de face

(Source: Brace Research Institute, 1975)


Figure 31. Séchoir mixte à ventilation éolienne - b) Vue latérale

(Source: Brace Research Institute, 1975)


Figure 32. Tourailles montées en série

(Source: Kneule, 1959)


Figure 33. Hydrotouraille à recyclage d'air chaud

(Source: Kneule, 1961)


Figure 34. Séchoir touraille type IRAT

(Source: Gret, fiche T 301)


Figure 35. Séchoir touraille ERLS

(Source: Gret, fiche T 359)

b) Armoire ou étuve (figures 36 et 37)

Les produits sont étalés en faible épaisseur sur des plateaux ou des claies (généralement de 0,5-1 m2 de surface) disposés dans une enceinte où circule de l'air chaud. L'enceinte est appelée “armoire” si elle est petite, et “étuve” lorsqu'une personne peut y pénétrer pour décharger les claies.

Les claies sont constituées d'armatures de bois ou de métal et d'un fond en treillis, filet ou tôle perforée, cette dernière présentant cependant des risques de surchauffe du produit.

L'air chaud, pulsé par des ventilateurs, peut soit lécher le produit (figure 36 a), soit le traverser (figures 36 b et c); dans ce dernier cas, la capacité de séchage de l'appareil est beaucoup plus importante.

Le système utilisant une ventilation ascendante assure un meilleur séchage des claies inférieures: en effet, à leur contact, l'air chaud se charge d'humidité et sa capacité d'évaporation est moindre pour les claies supérieures. Il est donc nécessaire d'effectuer une rotation des claies vers le milieu du séchage.

L'intérêt de ce type de séchoir tient à sa polyvalence et à sa capacité extrêmement variable selon le nombre de claies et leurs dimensions.

Il peut également être construit avec des matériaux locaux (figure 37): tôle, béton, bois, fûts de récupération de 20 à 200 litres, grillage grossier ou plus fin.

c) Tambour (figure 38)

Un tel séchoir est constitué d'un cylindre rotatif entraîné par un moteur et muni d'ailettes intérieures. Une alimentation en air chaud assure le séchage des légumes, le contact entre l'air et le produit étant réalisé grâce à l'agitation continue de celui-ci sous l'action de la rotation du cylindre.

Ce système assure un séchage très rapide du fait de l'agitation ininterrompue du produit à sécher; il présente néanmoins l'inconvénient de briser le produit au cours du séchage.

2. Séchoirs à conduction

Le produit est en contact direct avec une surface chaude qui peut être un cylindre ou un demi-cylindre métallique (séchoir type auge) (figure 39), ou encore une surface plane métallique (séchoir type air).

L'agitation du produit, indispensable pour éviter sa surchauffe, est réalisée soit par la rotation du séchoir dans le cas d'un cylindre, soit par la rotation d'un axe intérieur muni de palettes raclant la surface intérieure du cylindre ou de l'auge.

En ce qui concerne les aires de séchage, l'agitation est produite soit manuellement, soit mécaniquement à l'aide de râteaux disposés sur un axe rotatif.

Dans tous les types de séchoirs à conduction, on effectue le chauffage de la surface de contact soit directement à feu nu, soit indirectement par de la vapeur.


Figure 36. Modes de circulation de l'air dans une étuve - a) circulation tangentielle

(Source: Kneule, 1964)


Figure 36. Modes de circulation de l'air dans une étuve - b) circulation tangentielle descendante

(Source: Kneule, 1964)


Figure 36. Modes de circulation de l'air dans une étuve - c) circulation transversale ascendante

(Source: Kneule, 1964)


Figure 37. Séchoir type étuve de Tonga - Vue de dessus

(Source: B.E. Grenwood, 1976)


Figure 37. Séchoir type étuve de Tonga - Exemple de combustible: coques de noix de coco

(Source: B.E. Grenwood, 1976)


Figure 37. Séchoir type étuve de Tonga - Vue de profil

(Source: B.E. Grenwood, 1976)


Figure 38. Séchoir tambour - Coupe longitudinale


Figure 38. Séchoir tambour - Coupes transversales montrant différentes dispositions des ailettes intérieures


Figure 39. Séchoir cylindre à conduction

Tableau 16. Caractéristiques des séchoirs utilisant un combustible


Tonnages possibles par 24 heures (kg de produits frais)

Principe de fonctionnement

Capacité d'évaporation (kg d'eau évaporée/m2/h)

Capacité de séchage (kg de produits frais/m2/h)

Vitesse de l'air chaud (m/s)

Utilisation d'énergie autre que pour la production de chaleur

Touraille et claie

1 m2 (épaisseur 10-30 cm) 100-500 kg

Grande épaisseur de produit séché par air chaud de bas en haut. Un seul étage

3-10

3-10


Ventilation

Armoire (ventilation horizontale)

20 claies de 75 × 75 cm (soit 10 m2 environ) 20-300 kg

Petites épaisseurs de produit disposé sur claies. L'air chaud lèche la surface. Plusieurs étages

0,1-1

0,1-1,5

1-10

Ventilation

Armoire (ventilation verticale)

Idem. 200-3.000 kg

Idem. L'air chaud traverse le produit

1-10

1,5-15

0,6-1

Ventilation

Tambour (convection)

(1 m3) 120-1.200 kg

Produit en mouvement dans le cylindre rotatif. Circuit d'air chaud à l'intérieur du cylindre. Agitation continue

5-30 (par m3)

5-50

0,3-3

Ventilation et rotation du tambour (2 tours/mn)

Auge ou aire de séchage (conduction)

(Surface de contact 1 m2) 20-100 kg

Produit en contact direct avec la surface chaude. Agitation continue

0,5-15

0,5-1,5


Agitation mécanique par rotation


Consommation de vapeur pour la production de chaleur (kg vap/kg d'eau évaporée)

Consommation énergétique annexe (kWh/kg d'eau évaporée)

Types de produits utilisables

Remarques

Exemple de construction artisanale fonctionnant suivant le même principe, mais n'ayant pas obligatoirement les mêmes caractéristiques

Touraille et claie



Produits non collants, insensibles à l'écrasement

Nécessité d'agitation manuelle de la couche

Séchoir IRAT: (CIRAD, BP 5035, 34032 Montpellier Cedex/France) 6 m2 de plate-forme de séchage. Combustible: bois ou bourres de coques (dimension totale approximative = 3 × 3 × 3 m)
Séchoir ERLS: (Institute for Agricultural Research, Ahmadu Bello University/Samaru/Nigéria) 7,5 m2 de plate-forme de séchage Combustible: bois sec ou fuel (dimension totale avec abri = 4,6 × 9,15 × 2,15m)

Armoire (ventilation horizontale)

2-3

0,5-5

Polyvalent

Risque de surchauffe en surface. Fin de séchage longue


Armoire (ventilation verticale)

1,2-1,5

0,3-0,6

Polyvalent

Nécessité d'effectuer la rotation des claies si l'air circule de bas en haut

Séchoir Tonga: 3 × 15 claies de 0,90 × 1,80 m, combustible: bois sec, déchets... (dimension totale = 6,2 × 2,1 × 2 m)

Tambour (convection)

0,9-2

0,7-10

Produits non collants en morceaux ou en poudre

Réduction des produits en miettes ou en poudre


Auge ou aire de séchage (conduction)

0,8-2,5


Produits pouvant subir grillage ou cuisson, peu sensibles à l'émiettage

Possibilité d'agitation manuelle du produit


Compte tenu des difficultés de réglage de la température et des possibilités de grillage si l'agitation est insuffisante ou si le produit adhère à la surface, ce type de séchage, simple dans son principe, est cependant délicat à réaliser si l'on veut garder au produit toutes ses qualités organoleptiques et nutritionnelles.

3.3.3 Cas particuliers

Certains légumes ne peuvent être séchés indifféremment avec tous les appareils précités en raison de leur teneur en eau initiale ou de leur trop grande fragilité. Les méthodes de séchage possibles, les quantités à traiter dans un même lot, les températures et les temps de séchage applicables sont précisés dans le tableau 17.

Tableau 17. Modes de séchage des légumes

Légumes

Taux de séchage = poids de matière/poids de produit sec

Séchoir utilisant l'énergie solaire

Séchoirs utilisant des combustibles



Exposition directe

Sans exposition directe

Par convection

Par conduction





Touraille ou tambour

Armoire ou étuve


Patates douces Ignames

4

X

X

X

X
Moins de 71°C


Manioc


X

X

Cossette

Cossette

Broyat

Pois et haricots

2-5

X

X

X

X
Entre 45 et 60°C


Choux

18


X


X
5 kg/m2 entre 40 et 60°C


Poireaux

10-12

X

X


X


Epinards

14


X


X


Tomates

16

X

Attention aux moisissures


X
7 kg/m2: ventilation tangentielle 15 kg/m2: ventilation transversale entre 60 et 80°C


Gombos

10-12


X
5,5 kg/m2


X
Moins de 60°C


Poivrons, piments

11-14


X


X
Entre 40 et 70°C


Haricots verts

7-10


X


X
Entre 45 et 60°C


Carottes

12

X
5,5 kg/m2

X


X
10-15 kg/m2 entre 85 et 90°C puis 45°C


Oignons

9

X

X


X
5 kg/m2: ventilation tangentielle 30 kg/m2: ventilation transversale entre 50 et 75°C


Navets


X

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Betteraves rouges

12

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Entre 50 et 65°C


3.4 Post-traitements

Après séchage, le produit doit subir quelques opérations destinées à le rendre commercialisable et acceptable par la population. Certaines de ces opérations sont facultatives (broyage), d'autres obligatoires (triage, tamisage, conditionnement).

3.4.1 Triage

Principe et description

Après le séchage, le triage a pour but d'éliminer les éléments partiellement brûlés; il est surtout nécessaire après séchage au soleil ou sur une surface chaude. Il est effectué manuellement.

Matériel

Voir le chapitre 2, section 2.5.

3.4.2 Broyage

Principe et description

Ce traitement facultatif est appliqué aux produits destinés à être commercialisés sous forme de poudre. La nature des produits concernés dépend essentiellement des habitudes alimentaires locales, tous les légumes pouvant être broyés à condition d'être suffisamment secs (teneur en humidité de l'ordre de 5 pour cent).

Le broyage peut être accompli manuellement ou mécaniquement.

Matériel

- pilon et mortier (manuellement);

- broyeur à marteaux;

- broyeur à cylindres: deux cylindres lisses, tournant en sens inverse et à des vitesses différentes, conduisent à l'écrasement des produits introduits dans leur zone de contact. Si l'écartement des cylindres est réglable, on peut modifier la taille des granules obtenus;

- broyeur à meules (figure 40) utilisé pour broyer entre deux pierres, dont l'une est mobile, des produits particulièrement durs comme les graines de légumineuses.

3.4.3 Tamisage

Principe et description

Il s'effectue sur des produits broyés ou non broyés de façon à éliminer les particules plus fines (cas des produits non broyés) ou plus grosses (produits broyés). Dans ce dernier cas, les particules plus grosses sont acheminées vers un broyage supplémentaire.

Matériel

On utilise des tamis d'ouverture de maille variable suivant les produits, constitués de fils métalliques ou de fibres naturelles ou synthétiques. Ces tamis doivent être constamment animés d'un mouvement de va-et-vient obtenu soit manuellement (dans le cas de tamis de petite taille), soit mécaniquement (pour des tamisages de plus grande capacité).

3.4.4 Emballage - conditionnement - stockage

Ces questions sont traitées plus spécifiquement au chapitre 8; il est toutefois nécessaire de préciser que les récipients destinés à recevoir des produits séchés doivent satisfaire à quelques conditions bien particulières:

- résistance au choc (sauf pour les matériaux destinés à contenir des produits en poudre);

- fermeture efficace contre l'écoulement du produit;

- protection contre la réhydratation;

- si possible, opacité.

On peut donc utiliser les matériaux suivants:

- sacs de coton ou de jute pour conserver des produits non fragiles dans un environnement sec;

- récipients en terre ou en verre (ce dernier matériau est trop cher par rapport à son contenu);

- sachets en plastique.

Dans certains cas, pour éviter l'humidification des produits, on les conserve dans l'huile (piments, tomates, etc.). Le stockage doit si possible être effectué en un lieu ombragé et sec.


Figure 40. Broyeur à meules - Vue générale


Figure 40. Broyeur à meules - Coupe verticale

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