Back to Home Page of CD3WD Project or Back to list of CD3WD Publications

CLOSE THIS BOOKLe Stockage du Grain (ILO - WEP, 1986, 140 p.)
CHAPITRE I. ELEMENTS POUR UNE STRATEGIE DU STOCKAGE
VIEW THE DOCUMENTI. ROLE DU STOCKAGE
II. SYSTEMES DE STOCKAGE
VIEW THE DOCUMENTII.1 Groupes sociaux concernés
VIEW THE DOCUMENTII.2 Le stockage commercial
VIEW THE DOCUMENTII.3 Le stockage villageois
VIEW THE DOCUMENTII.4 Le stockage communautaire
VIEW THE DOCUMENTIII. LES PERTES APRES RECOLTE
IV. ELEMENTS POUR UNE STRATEGIE NATIONALE DU STOCKAGE DES GRAINS
VIEW THE DOCUMENT(introduction...)
VIEW THE DOCUMENTIV.1 Coût du transport du grain
VIEW THE DOCUMENTIV.2 Coût unitaire du stockage
VIEW THE DOCUMENTIV.3 Coût des pertes
VIEW THE DOCUMENTIV.4 Objectifs de développement
V. MISE EN OEUVRE DE LA STRATEGIE NATIONALE DE STOCKAGE
VIEW THE DOCUMENT(introduction...)
VIEW THE DOCUMENTV.1 Mesures en faveur de la recherche-développement
VIEW THE DOCUMENTV.2 Programmes de formation
VIEW THE DOCUMENTV.3 Assistance financière

Le Stockage du Grain (ILO - WEP, 1986, 140 p.)

CHAPITRE I. ELEMENTS POUR UNE STRATEGIE DU STOCKAGE

I. ROLE DU STOCKAGE

Pour de nombreux pays en développement où la base de l'alimentation est principalement constituée de produits céréaliers, le stockage des grains joue un rôle socio-économique important. Il permet tout d'abord de différer dans le temps l'utilisation de produits vivriers récoltés en grande quantité à une période donnée, et de fournir ainsi aux populations des ressources alimentaires tout au long de l'année. En assurant d'autre part la constitution de réserves sur plusieurs années, utilisables en cas de disette, il participe directement à la sécurité alimentaire des zones géographiques où les aléas du climat ne permettent pas toujours la reconstitution annuelle des stocks alimentaires.

En second lieu, le stockage joue un rôle régulateur au niveau de la commercialisation des grains. Il permet en effet de régulariser le flot de grains écoulé sur le marché et d'assurer ainsi un meilleur équilibre entre l'offre et la demande afin d'éviter des fluctuations excessives des prix. Ce rôle économique important est tenu par les offices céréaliers qui disposent d'importantes capacités de stockage ainsi que par les systèmes de stockage communautaire.

Le stockage permet enfin de conserver les semences nécessaires aux récoltes futures ainsi que l'approvisionnement régulier des industries de transformation telles que les rizeries, les maiseries et les semouleries.

Etant donnée l'importance du stockage des grains, il est essentiel que celui-ci puisse être organisé de manière à assurer pleinement les différents rôles énumérés ci-dessus.

Pour cela, il est nécessaire de formuler une stratégie nationale du stockage des grains qui tienne compte des éléments suivants:

- importance à attribuer à différents systèmes de stockage (stockage villageois, communautaire, commercial);

- moyens à mettre en oeuvre pour améliorer les différents systèmes de stockage utilisés dans le pays;

- introduction de nouveaux systèmes de stockage, si nécessaire;

- nécessité d'introduire de nouvelles mesures sociales, fiscales et monétaires afin d'assurer un stockage approprié de la production nationale de grains;

- nécessité d'effectuer des recherches pour déterminer, entre autres, le niveau des pertes ou pour développer et tester de nouveaux systèmes de stockage.

Tous ces aspects sont analysés dans les sections suivantes et les éléments d'une stratégie nationale du stockage des grains sont suggérés à l'intention de ceux qui sont chargés d'élaborer et d'appliquer une telle stratégie.

II. SYSTEMES DE STOCKAGE

II.1 Groupes sociaux concernés

Différents groupes sociaux pratiquent le stockage de produits vivriers dans des buts bien spécifiques. On peut distinguer:

- les producteurs qui stockent les grains afin de satisfaire les besoins alimentaires de leur famille, conserver des semences et revendre les éventuels surplus à une période où les prix sont rémunérateurs;

- les négociants qui achètent les produits à bas prix en période de récolte et les stockent pour les revendre avec profit à des périodes ultérieures;

- les responsables d'industries alimentaires qui doivent disposer en permanence d'une matière première suffisante et de qualité homogène;

- les responsables d'offices céréaliers qui, au niveau national, sont chargés de régulariser le flux de grains afin d'assurer l'approvisionnement régulier des populations.

Le système de stockage adopté dépend donc, en grande partie, des besoins et caractéristiques des groupes sociaux concernés. On peut toutefois distinguer trois systèmes principaux de stockage des grains:

- le stockage villageois concerne une ou plusieurs familles, ne dépasse pas généralement quelques tonnes (la moyenne est souvent inférieure à une tonne) et est complètement géré par le producteur lui-même;

- le stockage communautaire concerne un ou plusieurs villages, ne dépasse pas généralement quelques centaines de tonnes et est géré par des salariés, y compris des ouvriers qualifiés;

- le stockage commercial concerne plusieurs régions ou tout un pays, dépasse en général plusieurs milliers de tonnes et est géré par de grandes entreprises privées ou para-étatiques.

Compte-tenu des objectifs de la série des dossiers techniques, seuls les deux premiers systèmes de stockage (villageois et communautaire) sont décrits en détail dans les chapitres suivants. Les lecteurs désireux d'obtenir plus d'informations sur les systèmes de stockage commercial pourront s'adresser à des fabricants d'équipements ou des firmes d'ingénierie. Cependant, les aspects socio-économiques des trois systèmes de stockage énumérés ci-dessus seront étudiés dans ce chapitre afin de mieux cerner l'ensemble des éléments à prendre en compte lors de l'élaboration d'une stratégie nationale de stockage des grains.

II.2 Le stockage commercial

Le stockage commercial concerne de grandes quantités de grains (plusieurs milliers ou dizaines de milliers de tonnes) produits localement ou importés (aide alimentaire, achats à l'extérieur). Les centres de stockage se trouvent généralement près des centres urbains d'où s'organisent la distribution des stocks sur l'ensemble du pays et, éventuellement, l'exportation à partir de ports ou gares ferroviaires.

Le stockage commercial des grains est du ressort des entreprises privées ou para-étatiques et des grands moulins qui stockent les grains dans le but d'éviter l'arrêt de la production, faute de matières premières.

Les entreprises para-étatiques maintiennent des stocks pour quatre raisons principales:

- assurer l'approvisionnement des grands centres urbains et des régions qui ne produisent pas assez de grains pour leurs propres besoins;

- tempérer les grandes fluctuations de prix par une meilleure adéquation de l'offre et de la demande;

- assurer une sécurité alimentaire à long terme en stockant les surplus des bonnes années agricoles;

- assurer le stockage d'importations massives de grains (par exemple aide alimentaire) ou celui de grains destinés à l'exportation.

Quelles que soient les conditions de production et de commercialisation des grains dans un pays, il est difficile d'éviter le stockage commercial. Ce dernier diffère d'un pays à l'autre en termes de quantités stockées ou de techniques de stockage. Par exemple, les pays qui importent une grande partie de leurs besoins en grains utilisent davantage le stockage commercial que les pays à population fortement ruralisée, produisant assez de grains pour leur propre consommation et en exportant peu ou pas.

De même, il existe deux techniques principales de stockage commercial: le stockage en sacs et le stockage en vrac. Les pays opèrent aussi des choix différents entre ces deux techniques d'après des considérations d'ordre technique, économique ou historique. Le tableau I.1 compare ces deux systèmes de stockage de différents points de vue. Cette comparaison est fournie uniquement à titre indicatif; ainsi, tout choix de système de stockage commercial devra être fait sur la base de données techniques et économiques précises par des spécialistes du stockage. Cependant, les indications portées au tableau I.1 sont souvent vérifiées dans la pratique. En particulier, les investissements par tonne logée sont plus élevés pour un système de stockage en vrac que pour un système de stockage en sacs. Par contre, le coût unitaire de fonctionnement (coût de main-d'oeuvre en particulier) favorise, en général, le choix d'un système de stockage en vrac. Un autre facteur, d'un intérêt particulier pour les pays en développement, concerne les qualifications requises pour le fonctionnement et la maintenance des centres de stockage. Ce facteur favorise davantage les systèmes de stockage en sacs, qui nécessitent un personnel beaucoup moins qualifié que les systèmes de stockage en vrac.

Les avantages et inconvénients du système de stockage commercial par rapport à d'autres systèmes (villageois et communautaire) sont analysés à la section IV de ce chapitre.

Tableau I.1

Comparaison entre les systèmes de stockage en vrac et de stockage en sac

Caractéristiques

Stockage en vrac

Stockage en sac

Utilisation du volume offert

Maximum

Souvent réduite

Polyvalence

Faible

Possible

Rotation des stocks

Aisée

Difficile

Surveillance des stocks et facilité de traitement

Bonnes

Difficiles

Protection contre les rongeurs

Pratiquement totale

Souvent difficile

Coût d'investissement

Elevé

Moyen

Recours à des entreprises spécialisées

Très fréquent

Rare

Niveau de mécanisation

Important

Assez faible

Coût de fonctionnement

Moyen

Elevé

Besoins en main-d'oeuvre

Faibles

Elevés

Qualifications requises

Importantes

Faibles

Sophistication de la technique

Oui

Non

II.3 Le stockage villageois

Bien que le stockage villageois, implanté au niveau des zones de production, n'intéresse que de faibles quantités de produits (quelques centaines de kilogrammes à quelques tonnes), il joue un rôle capital en matière de sécurité alimentaire. Dans les pays en développement, plus de 80 pour cent de la récolte est en effet stockée dans des greniers villageois.

Les méthodes de stockage villageois varient d'un pays à l'autre voire dans certains cas d'une région à l'autre d'un même pays selon:

- les conditions climatiques (zone sèche, zone humide);

- la nature du produit (céréales, légumineuses, épis, gousses, grains);

- l'utilisation ultérieure des grains (consommation, vente, semences),

- le mode de stockage des produits (grains en vrac, en sacs);

- les méthodes de lutte contre les déprédateurs;

- les matériaux de construction disponibles localement et le savoir-faire des artisans et entreprises locaux.

Dans le Chapitre III du présent dossier technique, différentes méthodes de stockage villageois sont exposées. Il est admis qu'en général, les systèmes utilisés par les paysans sont souvent satisfaisants car ils sont le fruit d'une pratique traditionnelle de stockage qui s'est améliorée au cours des générations. Cependant, l'introduction de nouvelles méthodes agriculturales ou de nouvelles variétés de semences ont quelquefois donné lieu à des situations difficilement maîtrisables par le savoir-faire traditionnel. Par exemple, certaines variétés nouvelles de grains sont plus productives et moins résistantes à diverses attaques que les variétés locales. Ainsi, il est nécessaire d'améliorer le système de stockage traditionnel afin de minimiser les effets de ces attaques. De même, une augmentation importante de la production nécessite souvent de nouvelles structures de stockage car il n'est pas toujours possible d'augmenter simplement le nombre ou le volume des structures traditionnelles. Le Chapitre III de ce dossier évalue ces structures et propose un certain nombre d'améliorations. De nouvelles structures de stockage villageois sont aussi décrites. Cependant, comme on le verra plus loin, il est important de bien analyser le coût et les effets possibles de ces structures améliorées ou nouvelles avant de les proposer aux bénéficiaires potentiels.

II.4 Le stockage communautaire

Le stockage communautaire couvre des quantités de produits variant de quelques tonnes à quelques centaines de tonnes. C'est un stockage intermédiaire entre le stockage villageois et le stockage commercial.

Le stockage communautaire est nécessaire chaque fois que la production locale excède les besoins de la population rurale. Les excédents doivent alors être commercialisés à un. prix rémunérateur pour l'agriculteur. Le stockage communautaire permet d'obtenir un tel prix grâce:

- à la possibilité de maintenir le produit stocké pendant de longues périodes sans grands risques de détérioration, en attendant que s'établisse une meilleure adéquation entre l'offre et la demande;

- au plus grand pouvoir de négociation dont bénéficient les propriétaires du stockage communautaire par rapport à celui dont bénéficierait un agriculteur isolé.

De plus, le stockage communautaire est quelquefois indispensable dans le cas où les chemins ou routes d'accès aux villages sont impraticables pendant une partie de l'année. Le grain doit alors être transporté dans des charrettes jusqu'au centre de stockage communautaire situé près d'une route principale.

Le Chapitre IV de ce dossier décrit deux systèmes de stockage communautaire: le stockage en vrac et le stockage en sacs. Compte tenu du fait que le stockage en sacs est plus utilisé par les petits centres communautaires, il est décrit de manière plus détaillée.

III. LES PERTES APRES RECOLTE

Les pertes après récolte ne sont pas uniquement dues au stockage. Elles peuvent se produire au cours des différentes phases du système post-récolte, soit pendant la récolte, la manutention, le battage, le séchage, le stockage et la transformation des produits. Ainsi, une amélioration des systèmes de stockage ne devrait contribuer qu'en partie à la diminution des pertes. Le tableau I.2 fournit une estimation des pertes après récolte sur le riz en Asie du Sud-Est. On peut noter que les pertes dues au stockage sont du même ordre de grandeur que celles dûes à la mauvaise manutention des grains, au battage ou à l'usinage.

Des estimations précises des pertes durant le stockage ne sont pas disponibles pour l'ensemble des pays en développement. Ces pertes sont aussi bien d'ordre quantitatif (pertes pondérales) que qualitatif (pertes de qualité nutritionnelle, technologique ou germinative). Elles se traduisent par des pertes monétaires pour le producteur, le détaillant ou pour le pays qui doit alors recourir aux importations pour pallier le déficit national en produits vivriers qu'elles engendrent.

Tableau I.2
Pertes après récolte de riz en Asie du Sud-Est

Opération

Fourchette de pertes pondérales (pourcentage)

Récolte

1 - 3

Manutention

2 - 7

Battage

2 - 6

Séchage

1 - 5

Stockage

2 - 6

Transformation (usinage)

2 - 10

Total

10 - 37

Source: D.B. Depadua

Le niveau des pertes ou dégradations de grain varie d'un pays à l'autre et selon le type d'activité (par exemple battage, stockage), le type de grains (par exemple riz, maïs) et les techniques de stockage. Ainsi, le niveau varie de quelques points de pourcentage dans certains cas à plus de 30 pour cent dans certains pays ou pour certains systèmes de stockage. Des pertes moyennes de 10 à 15 pour cent sont assez courantes dans un grand nombre de pays en développement. Ces estimations, que l'on retrouve dans de nombreux rapports ou études, ne doivent cependant pas être prises à la lettre. Les recherches dans ce domaine sont encore assez fragmentaires et leurs résultats sont loin d'être généralisables. En effet, les méthodes d'estimation des pertes ne sont pas encore tout à fait au point et leur application est souvent difficile, faute de moyens ou de temps suffisants. De plus, il arrive souvent que les agriculteurs refusent, pour diverses raisons, de coopérer avec les chercheurs.

L'imprécision des estimations de pertes de grain sont dûes principalement aux facteurs suivants:

- négligence de certains facteurs de détérioration des grains lors du stockage du fait des difficultés à estimer certaines pertes d'ordre qualitatif;

- manque de moyens pour effectuer des recherches portant sur plusieurs années consécutives et dans plusieurs villages. Les résultats de la recherche ne se prêtent pas à une généralisation car ils ne portent que sur une année (ou une partie d'année) qui n'est pas caractéristique du point de vue climatologique (par exemple année de sécheresse ou excessivement pluvieuse) ou sur un seul village qui utilise des méthodes de stockage différentes de celles des autres villages;

- réticence des villageois ou manque de coopération de leur part. Le chercheur doit alors compter uniquement sur ses propres ressources.

Il convient également de noter que l'estimation d'un taux moyen de pertes annuelles n'est souvent pas représentatif de l'ampleur du problème. En effet, le taux des pertes augmente avec la durée de la période de stockage. Ainsi, il est beaucoup plus faible en début qu'en fin de période. C'est vers la fin de la période que les réserves de grains ne sont plus suffisantes pour satisfaire les besoins des populations rurales. Par conséquent, un taux de pertes élevé en fin de période de stockage ne fait qu'aggraver la situation, bien que le taux moyen annuel soit relativement bas.

Les pertes ou dégradation des grains sont généralement dues aux facteurs suivants:

- stockage de grains insuffisamment secs;

- système de stockage mal ventilé;

- chaleur excessive à l'intérieur de la zone de stockage dûe à une mauvaise isolation ou à l'activité des grains;

- mauvaise protection contre les rongeurs, insectes, et l'humidité extérieure;

- stockage de grains cassés, éraflés ou mêlés à des impuretés;

- manque de moyens pour acheter des insecticides ou autres produits de protection.

Les mécanismes qui déterminent le niveau des pertes et des dégradations des grains sont décrits en détail au Chapitre II. Dans ce chapitre et dans les chapitres suivants sont suggérés des moyens de lutte afin de minimiser les pertes. Cependant, l'utilisation de l'un ou l'autre de ces moyens n'est pas toujours justifiée d'un point de vue économique et il est parfois difficile de convaincre les petits agriculteurs d'engager des dépenses pour limiter les pertes. Par exemple, il serait difficile de convaincre un agriculteur d'acheter des insecticides pour réduire ses pertes de 1 à 2 pour cent si le coût des insecticides est égal ou supérieur à celui du grain perdu.

IV. ELEMENTS POUR UNE STRATEGIE NATIONALE DU STOCKAGE DES GRAINS

Une stratégie nationale de stockage des grains a pour but de spécifier l'importance relative de chaque système de stockage (commercial, communautaire et villageois) en tenant compte de certains facteurs techniques, économiques et sociaux. Une telle stratégie doit aussi inclure tous les éléments nécessaires pour déterminer les sites et les techniques de stockage, le volume maximum des stocks, etc.

Il n'entre pas dans le cadre de ce dossier technique de fournir une description détaillée de tous les éléments de cette stratégie. Les différents éléments à prendre en considération sont les suivants:

- coût du transport du grain;

- coût unitaire du stockage pour chaque système envisagé;

- coût des pertes associées à chaque système;

- objectifs de développement du pays (génération d'emplois productifs, balance des comptes, industrialisation rurale et amélioration des revenus des couches sociales défavorisées).

Le but d'une stratégie nationale du stockage est de minimiser la somme de ces coûts compte tenu des objectifs de développement national. Ainsi, la stratégie retenue n'est pas nécessairement la moins coûteuse. Les différents éléments d'une telle stratégie sont brièvement analysés ci-dessous.

IV.1 Coût du transport du grain

Le coût annuel du transport du grain est fonction de la localisation des différents systèmes de stockage par rapport:

- aux zones de production;
- aux zones de commercialisation;
- aux zones de transformation du grain et de consommation.

Il est aussi fonction des différents systèmes de transport disponibles dans le pays et de leur coût unitaire (par exemple, coût par tonne-kilomètre).

Dans certains cas, la localisation d'un ou plusieurs systèmes de stockage est prédéterminée. Un pays exportateur de grain doit par nécessité établir d'importants systèmes de stockage à la périphérie des ports ou des gares ferroviaires. De même, l'existence de grands centres urbains éloignés des zones de production nécessite l'établissement d'importants systèmes de stockage près de ces centres afin d'assurer la sécurité alimentaire des populations urbaines.

Le coût annuel du transport du grain devra être estimé pour chaque stratégie de stockage considérée par le gouvernement.

IV.2 Coût unitaire du stockage

Le coût unitaire du stockage varie en fonction du système adopté (villageois, communautaire ou commercial), du choix de la technique de stockage (en vrac, en sacs) et de la localisation des structures de stockage. Le Chapitre V décrit une méthodologie relativement simple qui peut être utilsée pour une première estimation du coût unitaire de stockage.

Il n'existe pas, à priori, un système plus avantageux qu'un autre. Chaque système peut, sous certaines conditions, être le moins coûteux. Cependant, les systèmes de stockage villageois présentent souvent les coûts unitaires les plus bas car ils utilisent de la matière première disponible localement et souvent gratuite (de la terre, des déchets végétaux) et une main d'oeuvre peu coûteuse ou gratuite (par exemple, le fermier peut construire son propre système de stockage pendant les périodes creuses).

IV.3 Coût des pertes

Le coût des pertes de grains doivent aussi être pris en considération lors de l'évaluation de différentes stratégies nationales du stockage. Par exemple, des systèmes de stockage à faible coût unitaire peuvent donner lieu à des pertes relativement importantes de grain. Ainsi, il est quelquefois plus avantageux de choisir des systèmes de stockage à coût unitaire élevé s'ils peuvent assurer une protection adéquate du grain.

Comme on l'a vu précédemment, il est difficile d'estimer les pertes associées à différents systèmes de stockage. Par conséquent, il sera peut être nécessaire d'effectuer des recherches dans ce domaine afin d'assurer le meilleur choix d'une stratégie nationale du stockage.

IV.4 Objectifs de développement

Le choix d'une stratégie nationale du stockage devra souvent prendre en considération les objectifs de développement du pays. Par exemple, le choix d'un système de stockage en vrac est en contradiction avec l'objectif de développement de l'emploi car un tel système nécessite moins de main-d'oeuvre par tonne logée qu'un système de stockage en sacs. De même, certains systèmes nécessitent davantage d'équipements importés que d'autres et sont donc en contradiction avec une politique visant à améliorer la balance des comptes. Ainsi, le planificateur devra juger du mérite de tel ou tel système de stockage en fonction de ses effets socio-économiques et des objectifs de développement du pays.

V. MISE EN OEUVRE DE LA STRATEGIE NATIONALE DE STOCKAGE

Une fois formulée, la stratégie nationale du stockage des grains doit être appliquée. Pour ce faire, plusieurs mesures doivent être élaborées et appliquées par le gouvernement afin de favoriser telle ou telle stratégie retenue.

V.1 Mesures en faveur de la recherche-développement

Le gouvernement devra favoriser la recherche-développement en matière de stockage des grains. Cette recherche pourra se faire par les centres universitaires ou centres de recherches spécialisés. Le problème des pertes devra être étudié en priorité afin de déterminer leur importance.

Les systèmes de stockage villageois devront également être testés et éventuellement améliorés. La recherche ne devrait pas se limiter au seul domaine technique. Des investigations socio-économiques devront également être faites pour déterminer les avantages des différents systèmes et leur acceptation par les agriculteurs.

V.2 Programmes de formation

La diffusion et l'application de nouveaux systèmes de stockage villageois nécessite une formation des utilisateurs par des agents de vulgarisation. La même démarche est nécessaire pour promouvoir des systèmes de stockage améliorés ou des techniques de traitement des grains. Dans tous les cas, il faut s'assurer que les techniques proposées sont appropriées d'un point de vue technique, économique et social.

V.3 Assistance financière

Il est parfois plus avantageux pour un groupe de villages d'entreposer les grains dans une structure de stockage communautaire. Un tel système est cependant coûteux et nécessite des investissements importants. Pour autant qu'il soit justifié sur un plan économique et social, un tel système peut être subventionné en totalité ou en partie par le gouvernement. De même, des crédits pourraient être offerts aux groupements villageois à des taux préférentiels.

TO PREVIOUS SECTION OF BOOK TO NEXT SECTION OF BOOK