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CLOSE THIS BOOKLa Production Artisanale de Farines Infantiles. Expériences et Procédés. (GRET, 1994)
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Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
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Introduction

Le lait maternel est considéré comme le meilleur aliment du nouveau-né. Ainsi, l'Organisation mondiale de la santé recommande aux mères de nourrir leurs enfants exclusivement au sein jusqu'à 4-6 mois et de poursuivre l'allaitement, autant que possible jusqu'à deux ans, tout en introduisant peu à peu d'autres aliments y compris ceux du plat familial. Durant cette période dite de "sevrage", le bébé a besoin d'une nourriture spéciale lui fournissant suffisamment d'énergie, de protéines et d'autres matières nutritives comme des vitamines, des minéraux et des oligoéléments.

Or, dans les pays en développement, beaucoup de jeunes enfants (entre 6 et 39 mois) souffrent de malnutrition. En effet, les aliments des adultes ne conviennent pas à leur système digestif encore immature. Quant aux bouillies traditionnelles, à base de céréales, légumineuses ou tubercules, elles ne suffisent pas à couvrir leurs besoins.

Par leur texture fine et digeste et leur composition riche et complète, les farines infantiles - dites de sevrage -, peuvent répondre à ces besoins, si elles sont bien utilisées en complément du lait maternel et non en s'y substituant.

Des campagnes d'éducation nutritionnelle ont été menées dans plusieurs pays d'Afrique pour inciter les mères à préparer des aliments de sevrage à partir de produits de la région. Mais ces campagnes n'ont pas atteint les résultats espérés. Les mères ne se rendent pas toujours compte de l'intérêt des farines de sevrage, elles ne savent pas les préparer, les ingrédients nécessaires ne sont pas disponibles toute l'année, elles n'ont bien souvent ni le temps, ni l'argent, ni le combustible requis pour préparer cet aliment.

La solution résiderait donc dans la fabrication industrielle et la commercialisation de farines prêtes à l'emploi. Les tentatives de production locale d'aliments de sevrage engagées en Afrique pendant les décennies 50-70 ont presque toutes échoué (par exemple, Superamine en Algérie ou Faffa en Ethiopie). Elles faisaient appel à des procédés de production sophistiqués, basés sur des technologies complexes et des investissements importants. Les matières premières étaient importées et le niveau exigé de qualification du personnel sans rapport avec les compétences disponibles sur place. Ces projets n'ont jamais atteint l'autonomie financière et devaient être subventionnés. Enfin, le prix de revient des farines de sevrage ainsi fabriquées était trop élevé pour la grande majorité de la population qui ne pouvait donc pas les acheter.

Avantages et contraintes de la fabrication artisanale

Pourtant, la fabrication locale de farines infantiles à un prix accessible au public est possible. Les petites unités de production artisanale ne nécessitent que des investissements réduits. Elles utilisent des techniques simples qui font appel à une main-d'oeuvre nombreuse. Elles peuvent être gérées sur place par un groupement de femmes ou un entrepreneur privé. Elles permettent de produire à petite échelle un aliment adapté au goût et aux habitudes alimentaires de la population et, tout en valorisant les matières premières de la région, de résoudre en partie les problèmes de la malnutrition des enfants en période de sevrage, et probablement au-delà.

De nombreuses initiatives ont vu le jour ces dernières années, tant en Afrique francophone qu'anglophone, aboutissant soit à la création d'ateliers artisanaux, soit à des transferts de technologie en direction des ménages: Misola au Burkina Faso, Ouando au Bénin, Musalac, Somagi ou Masoja au Burundi, Cerevap au Zaïre, Viten au Togo, Vitafort au Congo, Bitamin au Niger, Likuni Phala au Malawi, Bennimix en Sierra Leone, et d'autres encore...

De ces expériences se dégagent un certain nombre de leçons. Tout d'abord, la marge de manoeuvre des unités de production artisanale est étroite. Les besoins des enfants sont évidents mais les mères n'ont pas encore l'habitude d'utiliser des aliments de sevrage tout préparés; elles ne sont pas forcément prêtes à dépenser de l'argent pour cela. Le marché des aliments de sevrage existe en Afrique, mais le pouvoir d'achat reste faible, surtout dans les villes. Un gros travail de sensibilisation et de promotion attend donc les fabricants. De plus, il faut faire face à la concurrence des bouillies traditionnelles, peu coûteuses, et à celle des farines importées qui sont chères mais bénéficient d'une excellente image de marque.

Pour les ateliers artisanaux, les contraintes sont de deux ordres: produire des aliments de grande qualité, adaptés au goût local et vendre à très bas prix.

La qualité du produit dépend de la justesse de la recette adoptée et du soin apporté à chacune des étapes de la fabrication du produit. Les conditions d'hygiène en particulier sont fondamentales.

Quant à la viabilité économique de l'atelier, elle n'est pas donnée d'avance. Elle dépend de la préparation du projet. motivation et compétences du personnel, étude de marché sérieuse, plan de financement précis. Le personnel doit être formé à l'utilisation des équipements et aux techniques de fabrication. L'approvisionnement en matières premières doit être bien géré. La commercialisation, la création d'un réseau de distribution des farines seront l'objet d'efforts particuliers. La gestion administrative et comptable doit être rigoureuse. Il peut s'avérer utile durant la phase initiale de bénéficier de l'appui d'une organisation.

Si le projet satisfait aux conditions suivantes:

- il est conçu pour être autonome dès le départ: tous les coûts de production directs et indirects sont couverts par la vente des produits, et s'il s'agit d'une entreprise privée, l'entrepreneur peut dégager une marge bénéficiaire;

- il utilise les matières premières locales, ou disponibles localement à bas prix de manière durable, et les schémas de travail familiaux;

- il est basé sur la main-d'oeuvre et fait appel à un équipement simple,

- il est établi en "unités de croissance" et se développe progressivement;

- il utilise le réseau ordinaire de commercialisation (grossistes, détaillants);

- il applique les outils de marketing, notamment social, par la voie de l'éducation nutritionnelle et de la santé; alors, il a toutes les chances de réussir.

Les informations données dans ce livre

Ce livre propose des informations concrètes et précises tirées d'études de cas. Il est organisé en trois chapitres:

· Le premier chapitre explique ce qu'est une farine infantile par rapport aux bouillies traditionnelles: les qualités qu'elle doit avoir, les ingrédients nécessaires, ainsi que la mise au point des recettes.

· Le deuxième chapitre aborde les aspects techniques de la fabrication: l'organisation de l'atelier, le matériel et les équipements nécessaires, les technologies adaptées à la production artisanale de farines infantiles dans un pays en développement. Il insiste sur les exigences d'hygiène et de qualité du produit.

· Le troisième chapitre approfondit les conditions de réussite d'une petite unité ce production: il indique notamment comment réaliser une étude de marché préalable et bâtir un plan de financement. Les investissements nécessaires sont passés en revue. Quelques conseils pour gérer les problèmes d'approvisionnement et de commercialisation, améliorer la promotion et la distribution du produit sont proposés.

En fin d'ouvrage, un lexique, une bibliographie et une liste de centres ressources permettront à tous ceux qui veulent en savoir plus de s'orienter dans leur recherche d'information et de formation.

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